Les quais de Seine et la Val de Marne, une histoire faite de temps forts humains comme industriels, et de périodes de retrait. L'époque actuelle en est une.
Le territoire Seine-amont est celui sur lequel je vis. Le fleuve traverse le département, depuis Ablon sur Seine et Villeneuve Saint-Georges, jusqu'aux limites de la capitale, le port d'Ivry, en traversant Choisy le Roi, Vitry sur Seine et Alfortville.
Si la Seine traverse de nombreuses régions sans ne jamais rencontrer aucune ville, ce n'est pas le cas ici. Bordée par plusieurs communes au passé industriel riche, qui l'ont exploitée pendant des décennies sans ne jamais en prendre vraiment soin, elle ne sert plus guère désormais qu'au transport fluvial.
Toute baignade y est proscrite depuis longtemps bien qu'un ancien Président ait, un jour d'excès d'optimisme, prévu le contraire. Les récentes analyses de qualité de l'eau ne laissent planer guère de doute sur la protection dont il faudra équiper les courageux sportifs qui se jetteront à l'eau lors des JO 2024 à Paris.
Mais un fleuve reste un fleuve, l'intérêt qu'il suscite pour la population qui vit à proximité est réel. Balades, parcours sportifs, détente entre amis, pêche, barbecues et autres circuits à vélo restent l'apanage de cette masse d'eau en perpétuel mouvement, tel un battement de coeur dans une région qui en a bien besoin tant la nature y est mise à l'écart.
Que voit-on lorsqu'on se promène sur les quais de Seine entre Choisy le Roi et Ivry sur Seine ? Quel type de parcours affronte-t-on ? Quels souvenirs d'époques révolues peut-on croiser ? Quels espoirs de voir un jour renaître une autre forme de vie au plus proche du fleuve ?
C’est la question que je me suis posée en parcourant plus de quinze kilomètres le long des berges. En suivant le fleuve au plus près, qu'il s'agisse des chemins de halage de Vitry sur Seine et Choisy le Roi, des chemins sous les quais à Alfortville, ou du quai lui-même lorsque le fleuve n'est plus accessible à pied.
Cette série est un regard personnel porté sur ce fleuve et ses à-côtés. Je vous emmène en balade, vous me suivez ?
Les quais de Seine en territoire Seine amont
Le quai de la chimie. Ex-Rhône-Poulenc, désormais Sanofi, cette zone très industrielle a laissé des traces depuis des décennies. Bâtiments à l’abandon, structures en bord de fleuve désormais inutilisées, canalisations dont on ne sait trop si elles ont un usage encore ou non. Et toutes ces pseudo-protections censées protéger l’homme du fleuve.
Protection de la nature. Écologie. Les mots sont beaux, la réalité est toute autre. Il leur en faut du courage à ces arbustes pour résister, pourtant ils le font, enfonçant leurs racines dans un béton si présent.
Vestige de l’ère industrielle, cette passerelle traverse toujours le fleuve. Réduite à l’état de masse métallique, ne bénéficiant plus d’aucun entretien, elle attend une fin prévisible alors qu’il serait si pratique de traverser ici, de profiter de cette vue que l’on doit avoir de là-haut.
Passer d’une commune à l’autre comme traverser la région sans même la voir, ne peut se faire sans franchir le fleuve. Au loin l’autoroute A86 impose ses tonnes de béton et son trafic permanent.
S’exprimer, une constante, que le Street Art met en avant à Vitry sur Seine, considérée par certains comme la capitale française de cet art urbain. Qui peut voir ces peintures ici, pourtant ? Personne ou presque, mais peu importe. Elles existent.
« Résistance ! » pourraient crier ces plaques de mousse posées sur le béton, et abritant ces incroyables plantes qui profitent de cette cohabitation favorable pour se développer. Pour qui ? Pour quoi ? Peu importe, la nature ne se pose pas ces questions. Elle occupe le terrain, masque le béton, avant de le dévorer à petites doses.
Trois canards sur l’eau, un grand classique. Pourtant, ne trouvez-vous pas qu’ils ont du courage, ces canards, à faire trempette ainsi dans cet amas de déchets flottants ?
Quand deux moyens de transport se croisent. Les péniches sont nombreuses sur la Seine, quand l’autoroute A86 sous laquelle elle passent facilite le transport routier.
Parfois taillés en forme de cubes en ville, les arbres sont ici tronçonnés jusqu’à l’os. La raison ? La voie ferrée qui surplombe, et ne saurait s’accommoder de branches envahissantes.
Je m’étonne toujours de voir la capacité de la nature à résister et à prendre le dessus. Comment cette plante s’est-elle retrouvée à pousser ici ? Quelle place va-t-elle finir par occuper ? Sera-t-elle un jour sacrifiée à son tour ?
Des milliers de personnes vivent à proximité du fleuve. En ont-ils conscience ? Le voient-ils comme un obstacle qui les force à traverser un pont ? Comme un atout pour leur région ? Ont-ils même conscience qu’il existe, bien qu’à quelques centaines de mètres ?
Vestiges de l’ère industrielle, les anciennes usines qui bordent le fleuve ont un véritable charme. Briques, structures métalliques, cheminées, des bâtiments à restaurer et à valoriser. Plusieurs autres existent encore le long des quais d’Ivry sur Seine. Vitry sur Seine a préféré tout détruire pour reconstruire en béton.
Lieu de promenade pour certains, lieu de vie pour d’autres. Les immeubles d’habitation sont nombreux le long des quais d’Alfortville, mais certains ne peuvent en profiter.
Vestige d’une soirée festive ? Envie de couleur ? Repère ?
Une ancienne station technique abandonnée. Dans la salle proche, un tuyau laisse s’écouler des dizaines de litres d’eau propre à la minute. La Seine la récupère.
« Votre résidence en bord de Seine », les vendeurs de rêve et promoteurs font leur possible pour construire sans cesse de nouveaux immeubles dans lesquels d’heureux futurs propriétaires pourront admirer la vue sur le fleuve. Avant qu’un nouvel immeuble n’occulte cette vue à son tour.
Espace de détente, de fête, salles en location sur une barge. Quel contraste entre ces sièges géants attirants et ce décor urbain.
Dernière écluse avant Paris. Comme seul décor, ce lampadaire isolé, sans réel intérêt puisque le lieu n’est pas accessible, marque l’espace.
Scène improvisée pour certains, lieu de rencontre pour d’autres, ce théâtre d’extérieur est un des rares lieux de vie sur les quais. Le soir venu, à grand renfort de lumières, des artistes s’y produisent tel le Théâtre du Corps de Pietragalla installé à proximité.
S’isoler, respirer, profiter. Le fleuve a des vertus apaisantes en cette période troublée.
Offrir une sortie à son animal de compagnie, jouer de cette complicité, profiter soi-même. De ce côté du fleuve les abords sont propices. On y trouve même de l’herbe.
Ouvrir sa fenêtre, profiter du décor, respirer l’air frais, descendre faire un tour. Certains me diraient qu’une borne électrique serait plus agréable, pour une fois je serais d’accord avec eux.
Les quais de Seine, lieu de vie. C’est ce que certains se sont dits, sans que l’on ne sache toujours s’il s’agit de garer un véhicule impossible à garer ailleurs, ou de profiter d’un espace bienvenu faute de mieux.
Chinagora, cet ensemble de bâtiments dont bien peu de monde ne sait vraiment à qui il sert. Des immeubles aussi, au pied du confluent Seine Marne.
Ces blocs de béton prennent tout l’espace depuis le confinement. Ils permettent de créer des pistes cyclables censées protéger les cyclistes qui les empruntent avant que le carrefour suivant ne les jette sur la voie piétonne pour qu’ils deviennent l’adversaire des piétons à leur tour.
Il paraît que l’on va dans le mur. C’est ce que semble montrer ce passage piétons. Ultime protection avant le fameux mur, ces palissades blanches ornent les rues, support à toute forme d’expression urbaine.
Vous pouvez vivre dans une péniche et l’aménager agréablement, comme celle de ces deux femmes rencontrées sur le quai d’Alforville. Vous pouvez aussi faire autrement. La nature préfère masquer la réalité.
Une guinguette ? Difficile de savoir qui elle sert vraiment, quand, pourquoi. Une autre de ces structures que l’on trouve à proximité de Vitry, faites de bric et de broc. Il y aurait tant à proposer, pourtant.
Cet immeuble m’attire. Sa façade prenant si bien la lumière, sa forme, ses pieds supportant l’ensemble. Il était invisible avant que la zone Ivry Confluence ne voit le jour. Restera-t-il longtemps encore ainsi, dominateur ?
Tout cela ne serait-il qu’un rêve ?
Les quais de Seine dans le Val de Marne, un espace cosmopolite, dans lequel œuvres d’art contemporaines côtoient les spécialités culinaires étrangères.
Plutôt que de valoriser ce qui peut l’être, un patrimoine riche, un fleuve bienfaiteur, il est tellement plus simple d’utiliser des artifices. Je n’en critique pas la présence, mais était-ce la priorité ? La question reste posée.
Série réalisée en janvier 2022 entre Ivry sur Seine et Choisy le Roi, en passant par Alfortville et Vitry sur Seine.
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1 réflexion au sujet de « Quais de Seine – de Choisy le Roi à Ivry sur Seine, en passant par Alfortville et Vitry sur Seine »
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